Bernard Tribondeau



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February 2015

Ca, c'était avant... 25 ans avec Photoshop

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Cette image, c'est une photo de Aaron Siskind, extraite de sa série sur des plongeurs immortalisés en plein élan. Une très belle et exhaustive rétrospective, lapremière en France, sur ce (mé)connu artiste américain vient de se terminer à Montpellier, sur les cimaises du Pavillon Populaire. Grâce soit rendue à Gilles Mora, commissaire de l'exposition, d'avoir porté au public l'oeuvre de ce grand théoricien de l'image.
Mais cette image, c'est aussi un témoignage d'avant. D'avant Photoshop. La prouesse photographique de Siskind, corps en envol, flou de mouvement parfait, « détourage » sur fond blanc immaculé, grain noir et blanc subtil, peut paraître bien anecdotique à ceux qui sont nés avec le logiciel d'Adobe dans leur berceau photographique. Et pourtant. Ayant connu les deux époques, et la transition existentielle pour beaucoup entre l'avant et l'après, Dieu sait quels trésors d'habileté et de patience il fallait pour arriver à ce résultat graphique époustouflant.
Pêle-mêle me reviennent des souvenirs de ma période argentique. Comme cette fois où, présentant mon dossier d'images noir et blanc à Pascal Dolémieux lors d'un workshop,
(voir mon post de l'an dernier “Oh mon labo”) celui-ci me gratifia d'abord d'un : « Ah, là on est dans autre chose, c'est de la photographie littéraire… » - ce qui intérieurement conforta mon égo démesuré - hélas immédiatement suivi de : « Mais dis donc, tu as fait tes tirages chez le coiffeur ! » - terrible vérité qui doucha sensiblement mon enthousiasme. Il faut dire que, si je pratiquais assidument le tirage noir et blanc dans mon labo, j'étais plutôt un piètre retoucheur. Les multiples pétouilles inhérentes à tout agrandissement avaient très vite raison de mon impatience, et ce malgré l'aide du pinceau et du gris neutre, ou encore de malins stylos feutres spécial retouche, aux 50 nuances de gris avant l'heure… Il va de soi que j'ai vu l'arrivée de Photoshop d'un bon œil, adoptant le logiciel dès sa version 3.0 au début des années 90.
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A cette époque, je pratiquais encore la photographie en amateur, gagnant ma croûte comme directeur de création publicitaire. Comme tout à chacun, je suis passé de la gomme gutta, du rötring, des planches de compo et du montage et retouche photo sur dye-transfer, à la baguette magique et à la fonction lasso de Photoshop, ainsi qu'au PDF tout chaud à livrer au flasheur.
Ce passage à la modernité ne s'est pas fait en un jour, donnant un peu de répit à des professions vouées à disparaître. Et provoquant également quelques couacs rigolos. J'avais réalisé avec Marc Garanger une campagne publicitaire pour un grand fabricant d'optique. Marc, comme à son habitude ultra-méticuleux, avait multiplié les prises de vues sur ektas, réalisées parfois dans des conditions lumineuses acrobatiques. Il avait fallu néanmoins sur deux ou trois visuels, réincruster des images issues d'écrans d'ordinateur, ou encore mettre au premier plan d'un groupe de personnages l'image d'un astronaute shootée auparavant. Je me souviens encore des débats épiques avec le client, le retoucheur, le photograveur, tout cela dans une course contre le temps pour respecter les délais de parution, et en arriver à un résultat digne aujourd'hui d'un enfant de 8 ans maniant pour la première fois un logiciel d'images… et pour un coût de réalisation à faire pâlir tout cost-controller qui se respecte.
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                                  Marc Garanger et myself en pleine prod…
Allez, pour finir sur les souvenirs d'ancien combattant : utilisant Photoshop avec dextérité depuis quelques mois, je m'étais lancé dans un montage d'images osé qui m'avait occupé durant quelques jours. Au moment d'importer ce joyau graphique dans Xpress (paix à son âme moribonde), quel ne fut pas ma surprise de voir que mon chef d'oeuvre nécessitait un agrandissement à 500 % au mieux pour respecter ma mise en pages. J'avais juste oublier de réaliser le visuel à la bonne résolution, et tout était à refaire… Joies et peines de la découverte !
Avec le temps, j'ai petit à petit délaissé Photoshop. Je me contente aujourd'hui des versions CS3 ou CS4, qui à mes yeux contiennent tout ce dont j'ai besoin en tant que photographe. DXO et Lightroom ont progressivement pris de l'importance dans mon workflow, comme on dit. Et le logiciel phare d'Adobe me sert essentiellement pour les montages et les « mises en pages » de mes images.
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